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Catégorie voyage De Mourmansk à Petrozavodsk

(Billet du 15 juillet 2014) :

De Mourmansk aux rives du lac Onega, il y a environ 900 kilomètres. Nous avons coupé la poire en deux et fait étape au bord de la mer Blanche, à Rabocheostrovsk, près de Kem. La route, visiblement refaite à neuf, est excellente. C'est un long ruban d'asphalte qui tranche la taïga. Il n'y a aucun autre endroit pour s'arrêter que les stations services, plus nombreuses, d'ailleurs, que nous le pensions. Les noms qui figurent sur la carte et semblent des étapes possibles ne sont pas vraiment des villes, mais des complexes industriels entourés de barres de béton, peu propices au pique-nique et encore moins au bivouac. Nous nous attendions à trouver beaucoup de camions mais ils étaient rares. L'avitaillement de Mourmansk et autres villes du nord doit se faire plutôt par le train et l'avion. En réalité, sur cette longue et bonne route, il y avait très peu de circulation. Nous sommes donc arrivés à Kem en roulant tranquillement.

Kem est la première vraie ville russe que nous rencontrons. Nous voilà pour la première fois dans un habitat traditionnel, où les isbas en bois sont plus nombreuses que les constructions en dur. Ces maisons, petites pour la plupart, sont souvent en mauvais état mais ne manquent pas de charme. Il y en a d'ailleurs de plus grandes, qui, restaurées, seraient vraiment magnifiques. Mais Kem est manifestement pauvre. La voirie est en mauvais état et les équipements sommaires. Il y a l'électricité mais pas l'eau courante, en tous cas pas pour tout le monde. Les habitants s'approvisionnent à la pompe. On en trouve plusieurs dans les rues, ce qui est d'ailleurs très pratique pour les fourgonistes que nous sommes.

A Rabocheostrovsk, nous bivouaquons sur le parking du seul hôtel, qui fait aussi office d'agence touristique et vend les billets de bateau pour les îles Solovki. Nous nous rendons le lendemain sur la plus grande, Bolchoi Solovetski, où nous passons la journée. On vient de loin pour y visiter un monastère qui fut un des plus importants et des plus riches de Russie avant la révolution d'Octobre. Sous Staline, l'ile devint un des centres de détention du Goulag (Soljenitsyne en parle dans l'Archipel du Goulag), les sanctuaires furent vandalisés, les trésors pillés. Aujourd'hui, l'église orthodoxe a partiellement repris possession des lieux et le monastère attire de nombreux touristes, russes pour la plupart. Les miradors, bien que ruinés, sont toujours là et il flotte encore dans l'air un vague parfum de pénitencier mais tout cela semble si loin ! Nous avons fait le parcours complet du site dans un groupe russe. Notre guide, Ludmilya, nous a pris en affection et s'est efforcée de traduire en anglais quelques passages de ses très longues présentations. Nous avons été frappés par le sérieux de cette visite guidée et l'attention de l'auditoire, qui a subi sans broncher plus de deux heures de cours magistral ! Beaucoup de gens viennent aussi sur ces îles pour leur aspect "nature". Il n'y a pratiquement pas de voiture. On peut s'y balader à vélo, randonner, camper, pêcher... La plupart de ces randonneurs et backpackers viennent plutôt d'Archangeslk, grande ville située de l'autre côté de la mer Blanche, sur des bateaux bien plus gros que notre modeste barcasse.

De Kem, nous nous sommes rendus à Petrozavodsk, au bord du lac Onega, et, après les rudes paysages de Carélie, ses villes déprimantes et ses habitants déglingués, nous avons trouvé... un petit coin de paradis. Le soleil, le ciel bleu, la chaleur, de l'herbe, un front de lac bien aménagé, piétonnier, avec des vacanciers en tenue d'été qui font le paseo en famille, des bancs publics, des bars, des restaurants, des amoureux, des chiens tenus en laisse, des joggeurs, et, surtout, une atmosphère de villégiature et de détente. Nous sommes encore au dessus du 60ème parallèle mais on se croirait presque en Méditerranée. Aussi avons-nous remisé dans les valises bonnets, pulls et anoraks, qui nous ont bien servi dans le Nord, et ressorti shorts, chemisettes, sandales et robes légères. Youpi, revoilà l'été ! Et, cerise sur le gâteau, vers minuit, revoilà la nuit, une vraie nuit avec de vrais morceaux de noir dedans, la nuit enfin retrouvée ! (Pas plus d'une heure, mais c'est déjà ça.)

A Petrozavodsk, nous avons pris un autre bateau pour aller visiter, cette fois, l'île de Kiji, sur laquelle se trouve un très célèbre ensemble d'églises et de maisons entièrement en bois. C'est un des "must" de tout voyage en Russie et nous ne pouvions pas le manquer, malgré le prix élevé du trajet en hydrofoil. On reste un peu sur sa faim, parce que l'édifice principal, l'église de la Transfiguration, avec ses multiples coupoles, chef d’œuvre absolu de l'architecture religieuse en bois, est en restauration. Les échafaudages gâchent la vue et on ne peut pas y pénétrer. Il ne reste à voir dans l'enclos que l'église de l'Intercession et le campanile. On se console en se baladant dans le reste de l'île qui est, en fait, un musée vivant à l'américaine, avec son forgeron, ses couturières, son carillonneur, son tailleur.. de bois tous habillés en costume d'époque et donnant des explications (en Russe) sur leur métier. Une belle journée quand-même.