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Catégorie voyage De Stavanger à Bergen (Fjords 1)

(Billet du 14 juin 2014) :

La route 13

La route 13, que l'on peut suivre pour se rendre de Stavanger à Bergen, est l'occasion de découvrir progressivement la région des fjords. De Tau à Roldal, on prend deux fois le car-ferry et on s'engage dans un paysage montagneux.
On n'est pas immédiatement dépaysé. On pourrait se croire dans les Alpes ou dans les Pyrénées. Une route sinueuse, qui monte et qui descend, des lacets, des épingles à cheveux, et tout autour, des sommets, des crêtes, des cols, des pentes enneigées, des forêts, des chutes, des vallées glaciaires occupées par les lacs d'altitude...
Ah ! mais non, ce ne sont pas des lacs, c'est la mer du Nord qui pénètre jusqu'aux tréfonds de ce relief accidenté, et si l'eau n'y est pas salée (testée et tastée par contrôle canin), c'est seulement parce que d'innombrables cascades et torrents s'y déversent. Quant aux montagnes que l'on traverse, elles ne sont finalement pas si hautes. C'est la latitude, plutôt que l'altitude qui donne à leurs sommets cet aspect et ce climat de "haute montagne"
C'est cela qui surprend, et qu'on reconnaît comme unique. Non pas tant l'association (connue) de la mer et de la montagne, mais cette intrusion profonde et lointaine du niveau zéro de l'océan dans un paysage de type alpin ou pyrénéen. De gros navires remontent ces fjords. Imagine-t-on un voilier au mouillage sur le lac de Gaube, un bateau de croisière voguant du golfe du Lion jusque dans une station de ski de Haute Savoie ? C'est cela que l'on voit, dans un paysage de fjord norvégien.
Dès lors, on peut s'arrêter cent fois, contempler, photographier, tenter de fixer des contours, la lumière, les reflets du ciel, des arbres ou de la falaise, la vue d'un village avec sa petite église en bois, mais ce qui plaît surtout, c'est d'avancer dans le paysage, de découvrir, perdre et redécouvrir le fjord au détour d'un virage, au point de bascule d'un col, de plonger vers lui, de le longer, de le contourner, de le franchir, parfois, puis de le perdre à nouveau. En voici un autre. Ou n'est-ce pas le même ? Car l'incision n'est pas linéaire, et les replis du bleu sont nombreux : méandres, petits golfes, élargissements, rétrécissements. Tout est fait pour donner le change.
Alors changeons, roulons.

Les villages :

Villages ou petites villes ? On en traverse plusieurs, le long de la route 13, jusqu'à l'embarcadère de Kinsarvik : Sand, Roldal, Odda, Tyssedal, Lofthus. Chacun mérite un court arrêt, ne serait-ce que pour aller voir sa petite église (toujours en bois). A part cela, tous m'ont paru vides, tristes, suintant l'ennui. Peut-être la saison touristique ne bat-elle pas encore son plein. Ou ces stations sont-elles plus fréquentées pendant la période des sports d'hiver ? En tous cas, c'est à Odda que je décerne la palme de la morosité. Tournant le dos à son statut de station thermale, elle s'est orientée au XXème siècle vers la production d'énergie hydroélectrique. Las ! la clientèle des thermes a d'abord fui les usines, puis la houille blanche a perdu tout son intérêt depuis la découverte du pétrole en mer du Nord. Lui restent des installations rouillées, les camping cars de passage et le ski. Cela me rappelle un peu certains villages des vallées pyrénéennes. En moins bien.

Bergen :

Bergen, que j'ai pourtant visitée sous des trombes d'eau, m'a tout de suite parue plus animée et plus vivante qu'Oslo. Deux quartiers (tout proches) attirent du monde.

Le port d'abord : Les quais historiques de Bryggen, ancienne ville dans la ville, affiliée à la ligue hanséatique et donc sous contrôle allemand du XVème au XVIIIème siècle, restent chargés d'histoire. Pourtant, les maisons qui bordent ce bassin en U ont entièrement brûlé à plusieurs reprises et n'ont été que partiellement reconstruites à l'identique. Mais il reste un site plein de charme et de vie, même si les touristes et les bateaux de plaisance constituent aujourd'hui l'essentiel de son activité.
Sur le marché au poisson, on vend (cher) les spécialités bien connues de pays scandinaves : saumon sauvage, harengs séchés et fumés, et même baleine. On fait volontiers goûter le passant curieux et gourmand. Ici, tout le monde parle français, comme par hasard !
Dans ce quartier, on peut se dispenser de la visite à l'Hanseatik Museum. C'est cher et on n'y apprend rien, sauf peut-être si on n'a jamais entendu parler de la Hanse auparavant. Quelques objets hétéroclites, un tonneau par ci, un livre de comptes par là, un ou deux costumes d'époque (sans qu'on vous dise laquelle), deux ou trois cartes, bien peu de choses... Seul intérêt : les salles sont les pièces d'une des maisons reconstruites après le dernier incendie de 1955.
Le port d'aujourd'hui, le vrai, est situé un peu plus loin et semble très actif. J'y ai vu de nombreux bateaux de commerce. C'est aussi le point de départ de l'express côtier, qui conduit les voyageurs en croisière jusqu'à Kirkenes. De dimensions plus raisonnables que les buildings flottants de Méditerranée ou des caraïbes, il fait la même route que moi, en 11 jours, par la mer. J'aurai donc l'occasion de le revoir, lui ou un de ses frères, dans un autre port. Tiresias aime bivouaquer sur les quais.

L'autre quartier est à la fois plus commercial et plus culturel. A proximité d'un petit lac, en plein centre, on trouve une grande rue piétonne, avec un monument à la gloire des marins et découvreurs norvégiens et, un peu plus loin, des statues de célébrités locales : le violoniste Ule Bulle et le dramaturge Holberg. Devant le théâtre national, Ibsen, qui en fut le directeur, a, bien sûr, toute sa place.
Au bord du lac, quatre musées importants, numérotés Kode 1, 2, 3 et 4 (la dénomination ancienne qu'utilise encore le GDR est obsolète). Tous valent la peine que l'on y consacre quelques heures mais il faut au moins voir le Kode 3, (collection Rasmus Meyers Samlinger), ne serait-ce que pour les œuvres de Munch qui y sont exposées. Finalement, c'est dans ces salles que se trouvent ses toiles les plus intéressantes, davantage qu'à la Galerie Nationale d'Oslo et, a fortiori, bien plus qu'au musée Munch.
Des Munch, on en trouve aussi au Kode 2, consacré surtout à la peinture norvégienne mais, ici, on s'intéresse surtout aux paysagistes. Je constate que, comme à Oslo, les sujets de prédilection sont soit les travaux des champs soit la nature sauvage (scènes de chasses, cascades, animaux..) Je ne vois pas la moindre vue d'un fjord. Il est vrai que tous ces peintres sont plutôt dans le démonstratif que dans le contemplatif et ne font pas dans la dentelle l'aquarelle.
A noter que ces deux musées, vraiment très riches, présentent aussi de nombreuses œuvres d'artistes du XIXème et XXème siècle, de Gauguin à Picasso en passant par Cézanne, Matisse, les impressionnistes etc.

J'ai aimé Bergen pour son animation, son port et ses musées.
Tiresias repart sur la route des fjords, en direction d'Alesund.