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Catégorie voyage Arrivée à Oslo

(Billet du 4 juin 2014) :

D'ordinaire, je n'aime pas aborder un pays par sa capitale ; je préfère y arriver un peu plus tard ou, mieux encore, en fin de séjour, pour y retrouver les traces, même ténues ou déformées, des découvertes que j'ai faites en chemin. Comme un résumé lacunaire du voyage.

Mais Oslo est-elle une capitale ? Avec sa "cathédrale" miniature, son petit "théâtre national" et son kiosque de chef lieu de canton, elle a tout juste l'air d'une petite métropole régionale.
Le centre proprement dit se parcourt aisément à pied. Le réseau de transports en commun est dense, varié et efficace mais il est surtout utile pour rejoindre les quartiers qui s'étagent, loin, sur les montagnes environnantes.

La ville compte pourtant 700.000 habitants mais on se demande où il sont. Très peu de voitures, çela se comprend puisque le péage est dissuasif, mais où se trouvent les bipèdes ? Même en semaine, on en compte peu sur les trottoirs et il n'y a pas foule dans les rues piétonnes. Les seuls embouteillages sont parfois causés par des poussettes, que l'on rencontre partout, manœuvrées indistinctement (mais pas indifféremment) par des jeunes ou des vieux, des hommes ou des femmes. Certaines de ces charrettes embarquent quatre moutards d'un coup, assis deux par deux, face à face, comme dans nos anciens compartiments de train. Ici, plus encore que dans les autres pays scandinaves, l'enfant semble roi. D'ailleurs, quelle autre cité aurait choisi pour emblème un chiard colérique (le Sinnatagen) ?

Bien sûr, ce ne sont là que des impressions premières. En réalité, tous les chiffres le montrent, Oslo est une métropole dynamique, qui possède deux aéroports, est entourée de plusieurs périphériques concentriques et, si l'on ne voit pas les voitures, c'est qu'elles circulent autour du centre sur ces "rings" ou en sous-sol, dans un réseau de tunnels qui la traversent en tous sens et de part en part. Malheur au maladroit qui s'engouffre par erreur dans ce labyrinthe ! "Où est la sortie ?"

Il n'empêche. Je garderai d'Oslo le souvenir d'un gros bourg tranquille, dont les habitants se comportent comme s'ils vivaient à la campagne. La nature est d’ailleurs omniprésente, tout autour de la ville (en quelques minutes de métro de bus ou de tram, on se retrouve dans la forêt, au bord d'un lac) et en son centre même. Non seulement c'est petit, mais la moitié de la surface semble occupée par des parcs. Les Osloïtes y font du jogging, du vélo et de toutes sortes de machins à roulettes. Ici, on ne "promène" pas son chien, on court, ou on roule avec lui, en le tenant en laisse. Certains attellent même deux ou trois (grosses) montures pour faire de leur bicyclette un traîneau. Grand Nooord, quand tu nous tiens !

Tout semble simple et sans stress et, peut-être à cause de ce sentiment d'espace, on éprouve en permanence une réelle sensation de confort et de liberté. En trois jours, je n'ai jamais voyagé ni vu voyager personne debout dans le métro, même pendant ce qu'on appelle sous d'autres cieux les "rush hours". On peut d'ailleurs monter dans la rame avec son vélo (mais pas l'inverse !) , et même pédaler dans les couloirs qui se présentent souvent sous la forme de larges rampes. Imagine-t-on des cyclistes circulant ainsi dans les étroits boyaux de Paris ou à Londres ?

Il y a de la place, oui, mais peut-être pas pour tout le monde. Certes, Oslo est très cosmopolite et la population d'origine étrangère, nombreuse et très visible, est, paraît-il, bien intégrée. Je veux le croire, mais on voit tout de même dans les rues la même misère, majoritairement basanée, que dans les autres villes eutopéennes. Le passant est fréquemment sollicité par des vendeurs à la sauvette, les mendiants sont nombreux et les abords de la gare centrale et de l'opéra sont pleins de junkies, certains dans un état catastrophique. Et puis, .Brejvik n'était pas esquimau.

Mais alors, pourquoi vient-on donc à Oslo, si l'on n'est ni Osloïte, ni lauréat du Nobel de la paix ? D'abord parce qu'on y passe, de manière presque obligatoire, en arrivant de Goteborg, mais aussi parce qu'il y a tout de même des choses à voir, dont ces trois musées :

- Le musée Munch :

On en ressort presque déçu, parce que, finalement, la collection ne paraît pas si riche qu'annoncée. C'est que tout n'est pas exposé, car le musée a fait le choix de présentations thématiques tournantes, pour mieux éclairer tour à tour les différents aspects de l'artiste et de son oeuvre. D'un point de vue culturel et pédagogique, c'est une bonne idée, mais pour le touriste de passage, c'est une source de frustration, car des toiles majeures restent au placard. Où sont, par exemple, les autoportraits ?
(Bien sûr, "Le Cri" reste exposé en permanence.)

Pendant la période correspondant à ma visite, l'accent était mis, entre autres, sur les références de Munch à l'évolution des espèces et à diverses mythologies. C'est ainsi que j'ai pu voir une formidable série de lithographies intitulée "l"Alpha et l'Oméga" dans laquelle l'artiste prend le contre-pied rageur, vengeur et jubilatoire, du mythe du paradis perdu et du péché originel. Puissent les Femmen s'en inspirer au lieu de s'enliser dans des provocations vulgaires et improductives.

La Galerie Nationale :

C'est là que j'ai finalement vu le plus d'oeuvres intéressantes de Munch. 16 toiles sont présentées dans une grande salle. Parmi elles, un autoportrait, une émouvante "Puberté , une saissante "Mélancolie", une troublante "Inger" et de terrifiantes "Cendres".
Mais il n'y a pas que celle salle. Le reste de la collection du musée est très varié et propose au moins une toile de tous les grands peintres depuis la fin du XIXème.

Le musée des arts décoratifs :

Tout est intéressant ici parce que la présentation des objets (des œuvres) permet de bien comprendre (sinon de retenir) les débats artistiques, les remises en question, les rejets, les tentatives de dépassement, entre art déco, modernistes, postmodernistes, minimalistes, fonctionnalistes, art nouveau etc.
Étonnant de voir l'intérêt que peuvent susciter ces créations. Pendant toute la durée de ma visite, une dame est restée assise sur un pliant, plantée devant une des vitrines, à regarder des lampes de bureau. Et ce n'était certainement pas pour en choisir une.

Pour finir, une curiosité dans la cathédrale :

L'édifice n'a aucun intérêt mais, derrière l'autel, le retable est orné d'une curieuse cène en bois sculpté. Les apôtres semblent un peu éméchés et Jean s'écroule entre les bras de Jésus, dont les doigts levés semblent appeler une consommation plus qu'ils n'évoquent la Trinité. Sur la table, des assiettes vides et aucun verre. Dans un plat, au milieu, toute la place est prise par un cochon, dont Judas se détourne (avec dégoût ?..)

Je pars avec cette interrogation. J'ai visité Oslo sous la pluie et je l'ai quittée sous le soleil. Je ne suis pas allé voir le parc Vigeland ni le musée maritime.