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Catégorie voyage Mtskheta. Premiers monastères

(Billet du 16 août 2014) :

Tbilisi est située en Kartlie, une des provinces de Géorgie qui occupe une partie de ce que l'on appelait dans l'Antiquité l'Ibérie (à ne pas confondre avec la péninsule sub pyrénéenne du même nom). La capitale historique de ce royaume était Mtskheta, située si près de l'actuelle métropole qu'elle en constitue aujourd'hui une quasi banlieue.
Mtskheta est étroitement liée à la figure de Sainte Nino, la Patronne de Géorgie, une Grecque venue de Cappadoce avec pour tout bagage un cep de vigne en forme de croix. Armée de ce seul outil et de sa foi inébranlable, elle convertit la famille royale dès le début du IVème siècle, et fit de l'Ibérie le deuxième royaume chrétien de l'histoire, peu de temps après l'Arménie. On la représente souvent à côté ou tenant un tronc séparé de sa souche. Pour certains, elle retient un arbre fruitier prêt à s'envoler afin d'échapper à la hache du bûcheron, pour d'autres au contraire, elle le remet en place après qu'il eut effectivement été coupé et lui permet à nouveau de fructifier. On voit par là que Nino est associée à la vie et à la résurrection. On en reparlera.

La principale église de Mtskheta est Svetiskhoveli, qui signifie "colonne donnant la vie" (référence explicite au tronc de la résurrection). Elle est d'une jolie couleur tirant sur le jaune et richement décorée à l'extérieur, parfois de motifs amusants, comme ces têtes de bovidés qui ornent sa façade, ou ces églises miniatures sur les corniches. En levant la tête, on découvre aussi un paon, dans lequel certains voient une influence persane. Pourquoi pas ? mais n'oublions pas que le paon symbolise avant tout l'immortalité. Résurrection encore.
Cette cathédrale qui, selon la légende, serait bâtie sur une tombe contenant le Saint Suaire(résurrection toujours), présente un plan en croix grecque coiffé d'une colonne tambour. C'est une caractéristique architecturale que nous retrouverons par la suite dans presque toutes les églises des monastères que nous visiterons.

A côté de Svetiskhoveli, on peut voir une très jolie petite chapelle, dite d'Antioche, qui était fermée lors de notre passage. Nous avons dormi sur le parking situé juste à côté et, ô surprise ! nous y avons trouvé un camping car, le premier depuis la Norvège. C'est Katrin qui le conduit. Seule avec ses quatre enfants, elle revient d'Arménie et rentre en France via la Russie. Nous avons donc quelques informations à échanger. Bonne route, Katrin :) Bonne rentrée, les enfants :(

A proximité de Mtskheta, il y a deux monastères à visiter. Le premier, Djvari, est magnifique vu d'en bas. Il est souvent photographié et sert de produit d'appel sur beaucoup de brochures touristiques géorgiennes. Bien qu'il soit haut perché, on y accède facilement, par une route goudronnée. "Djvari" signifie" croix". Il s'agit, bien sûr, du cep de vigne de Nino, auquel le site est dédié. Pendant longtemps, à l'époque soviétique, le monastère était inclus dans une zone militaire interdite. Depuis la fin du XXème siècle, les Géorgiens le redécouvrent. Résurrection, résurrection...

Si la montée à Djvari est aisée, accéder à Chio Mgvime se mérite. On y parvient au bout de 12 kilomètres de piste caillouteuse et crevassée en montagne, dans un paysage désertique de toute beauté mais un peu angoissant. Panne interdite, crevaison inenvisageable vue la pente. C'est l'occasion pour nous de faire connaissance avec les autres grands évangélisateurs de la Géorgie : les 13 pères syriens. On les appelle ainsi car ils venaient de la région d'Alep mais leurs noms (Chio, Zénon...) sont manifestement grecs. Dès notre arrivée, nous sommes pris en mains par les moines. Le premier nous fait visiter les lieux et nous donne quelques explications. Dans l'église de l'Assomption, il nous montre une belle fresque du XIIème qui représente Nino tenant le tronc d'arbre coupé au dessus de sa souche. Dans l'église Saint Jean Baptiste, l'iconostase ne ferme plus le chœur mais nous le savions déjà et nous ne sommes pas déçus puisque nous l'avons déjà vue au musée de Tbilisi. Par contre, dans la grotte dite de Chio, la relique du père syrien est bien là, toujours en place à l'endroit où il avait choisi de finir sa vie en ermite.
Pendant tout le temps de notre visite, un deuxième moine, accouru dès notre arrivée, restera à balayer le sol tout en disant des prières sur le petit parking sommaire où nous avons garé Tiresias. Sans en être certain, je rapproche son attitude d'une pratique que j'ai déjà observée au Mont Athos et que m'avait expliquée un des pèlerins avec qui je faisais la route. Il ne faudrait pas qu'un esprit malin profite de la venue de visiteurs étrangers pour s’infiltrer avec eux dans le monastère, tel un virus ou une bactérie infectieuse. D'où la nécessité de ce double balayage, matériel et spirituel.

Pendant les 12 kilomètres du retour, je prie à mon tour pour que les démons empêchés d'accomplir leur vilaine besogne dans le saint lieu ne se vengent pas sur un pneu ou sur le carter de Tiresias. Il faut croire que j'ai été exaucé, puisque nous parvenons sans encombre à Mtskheta, prêts à partir pour la Kakhétie.