Périégèses - Saison 1 -Episode 1 Twitter Flickr Vimeo RSS Où sommes-nous ?

Menu accordéon en images
Le menu de saison propose un autre accès aux différentes rubriques du site.
Chaque épisode contient un récapitualtif des notes, photos, videos, bivouacs, fiches pratiques
Retour au sommaire

Catégorie voyage De la frontière russe à Tbilisi

(Billet du 08 août 2014) :

De la frontière russe, on arrive à Khasbegui, aujourd'hui appelé Stepansminda, par la "route militaire" qui suit la gorge du Darial, un défilé profond et resserré, au plus près de la "frontière" avec l'Ossétie rebelle.
Au début, nous ne sommes pas vraiment dépaysés ; on dirait tout à fait une vallée bigourdane. Il faut cependant abandonner assez vite un peu de sa fierté gasconne. Le Caucase est d'une autre trempe que les Pyrénées et les cimes enneigées que nous apercevons de temps à autre entre les nuages culminent à plus de 5000 mètres. Le mont Kazbeck, sur les pentes duquel les Anciens situaient le lieu du supplice de Prométhée, dépasse donc le Vignemale, le Mont Perdu et l'Aneto de 2000 mètres au moins. Consolons-nous en pensant qu’Héraclès en personne, briseur de chaîne sur le mont Caucase et forgeron de celle de Pyrène, unit ces deux massifs dans sa geste libératrice.
De notre bivouac, surplombant la rivière, nous apercevons, bien en dessous du glacier, mais très au-dessus de nos têtes, l'église de Guergueti. Comme en équilibre sur la crête d'une avancée rocheuse, sa silhouette apparaît nettement découpée sur le fond du décor montagneux. Sur ce plateau, on la dirait posée, tel un de ces objets souvenirs qu'on ramène parfois de ses voyages.
Aboli bibelot sur la crédence de ce sommet à nix ? Il fallait monter là haut pour s'en assurer ; nous l'avons fait. La randonnée s'effectue assez facilement en une demi-journée. Malheureusement, une piste mène au même endroit et beaucoup s'y rendent ou s'y font conduire en 4x4, faisant avaler aux pauvres marcheurs des kilos de poussière. Et faut-il encore décourager un peu plus nos éventuels lecteurs ? Finalement, c'est beaucoup plus beau vu d'en bas !
Khazbegui, comme les autres vallées du Haut Caucase, est entièrement vouée au "tourisme nature", ce qui, ici comme ailleurs, provoque, paradoxalement, un afflux de gros véhicules motorisés : marchroutkas, land-rovers et autres types de tous terrains gourmands en carburant, creuseurs d'ornières et grand pourvoyeurs de fumée noire et de poudre jaune. C'est qu'il faut bien conduire les trekkers, assoiffés de paysages vierges et d'air pur, depuis l'aéroport de Tbilissi jusqu'à leur guest house de Khévie, puis de leurs lieux d'hébergements aux points de départs de leurs aventures.
Et oui ! A côté des Russes, qui viennent nombreux passer des weekends prolongés en montagne géorgienne, nous avons retrouvé les touristes français, espagnols, italiens etc , qui boudent le pays de Poutine mais cherchent de nouveaux horizons dans ceux qui s'ouvrent à l'Europe. Qu'on se le dise à l'ouest de Kiev : le "Caucasus trip" est très tendance cette année.
Au départ du sentier, près de la rivière, un petit café sympathique nous donnera l'occasion de tester les premières spécialités culinaires géorgiennes ; Khatchapuri, khinkalis, Tchakapouli.... C'est délicieux, sans parler du pain, qui est encore meilleur qu'en Russie.
A proximité se trouve une aire très bien ombragée où il est intéressant de se garer pour la journée. On doit pouvoir y passer la nuit sans problème On peut même faire le plein d'eau au café. Un jour, il y aura probablement un camping payant ici.
A Stepansminda, le meilleur point de vue sur Guergueti et le mont Kasbeck, c'est de la terrtasse du "Roomshotel". Cet établissement n'est certes pas un quatre étoiles mais, quand-même, une sorte de gîte de montagne haut de gamme, bâti tout en bois sur le versant opposé au Kazbeck. Malgré un chemin d'accès exécrable, il faut absolument y monter pour prendre l'apéritif ou y manger, s'affaler dans les coussins des confortables fauteuils de son salon-bibliothèque, un verre de vin géorgien à la main, et y rester le temps qu'on veut, pour se reposer d'une randonnée, profiter de sa collection d'ouvrages sur la région et jouir de son excellente connexion wifi, le tout face à un paysage grandiose.
Au Roomshotel nous décernons cinq étoiles pour la déco intérieure et le panorama extérieur.

Jusqu'à Tbilissi, d'où montent la plupart des marchroutkas chargées de trekkers, nous, qui venons de plus loin encore, ne ferons que descendre. A la sortie du village, nous tombons sur un groupe de rugbymen partant à l'entraînement. La communication est difficile car seul le demi de mêlée (au jugé, d'après son gabarit) parle un peu anglais, mais nous réussissons à savoir que l'un d'eux fait partie des Lelos, l'équipe nationale, et que le championnat reprend le weekend du 15 aôut. Ils connaissent bien le Top 14 et le Stade Toulousain, où jouent plusieurs Géorgiens.
- "Oh ! Toulouse, very good team !
- I want, yes !"

Quand on arrive à Ananuri, à peu près à mi-chemin, une halte s'impose. Une ancienne forteresse surplombe un lac artificiel au bord duquel il fait bon bivouaquer. On peut s'y baigner, car l'eau n'est pas du tout froide. Nous y avons passé la nuit de samedi à dimanche. En milieu de matinée, les rives ont été envahies par des Tbilisiens avides de fraîcheur. Barbecues, baignades et, bien sûr, tuning à fond la caisse. Nous leur avons laissé la place.
Direction Tbilisi.