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Catégorie voyage Derniers jours en Russie

(Billet du 31 juillet 2014) :

Stavropol :

Nous n'avions pas prévu de nous arrêter à Stavropol, mais, entre la Kalmoukie et le Caucase, la route est encore longue et nous avons opté pour une halte supplémentaire. Bien nous en a pris.
Au bout de la plate steppe kalmouke, Stavropol jouit déjà du climat d'une ville de montagne, agréable et bien ventilée. Elle est pourvue de grands parcs, et on peut facilement y trouver un bivouac dans sa partie haute, à côté du stade du Dynamo Stavropol, curieusement situé en plein centre.
Intrigué par sa consonance et sa signification grecques (la ville de la croix), j'ai fait quelques recherches. Ce nom est lié à la fondation de la place forte, au XVIIIème. En effet, au premier coup de pioche sur le site choisi, on aurait exhumé une croix. Mais pourquoi cette étymologie grecque ? J'émets l'hypothèse que l'idée vient de Potemkine, le célèbre général, amant de Catherine II, qui était chargé de cette mission fondatrice. En effet, j'ai appris qu'après la conquête de la Crimée, il se fit nommer "prince de Tauride" et qu'il fonda les villes de "Cherson" et Sebastopol, deux autres cités évoquant la Grèce et plus précisément la Chersonnèse antiques. Un philhellène, donc, et non seulement un turcophobe...
Hélas pour lui, plutôt que le souvenir de son fondateur, Stavropol, comme d'autres villes de la région, cultive celui de Pouchkine et de Lermontov, deux poètes amoureux du Caucase et tués en duel, dont les statues se dressent en bonne place.
Mais pour parler de Lermontov, mieux vaut poursuivre jusqu'à Pyatigorsk, notre prochaine étape.

Pyatigorsk :

Aux portes du Caucase, Pyatigorsk fait partie de ce que les guides appellent les "villes d'eaux", cités thermales dont les sources présentent toute la panoplie des vertus curatives que l'on peut imaginer. Les Russes y viennent pour se soigner ou simplement se reposer dans un des nombreux "sanatoriums" qu'on y a construits. On trouve donc à Pyatigorsk la même forme de tourisme et la même ambiance mollassonne que ce qu'on connaît en France dans les stations de ce type. C'est ici qu'est mort le turbulent Lermontov, poète et romancier, mi Byron mi François Villon. Comme Pouchkine avant lui et Tolstoï après lui, il aimait le Caucase, qu'il a souvent célébré et qui lui fournit le cadre de ses romans. Il aimait aussi le jeu, le vin et la vodka et c'est une stupide blague de banquet qui lui coûta la vie. Il fut tué en duel par un certain Martinov dont il avait moqué le nom (entre nous, il l'avait bien cherché...). La ville en éprouve encore du remord, paraît-il, et fait tout ce qu'elle peut pour le montrer. Pas au point, cependant, d'ouvrir quotidiennement le musée qui est consacré au grand homme et où nous avons trouvé porte close.
Nous n'avons pas encore atteint le Caucase. En tous cas, nous n'apercevons aucun relief autre que quelques cônes volcaniques surgissant de la plaine. Du sommet de celui de Pyatigorsk, nous espérions apercevoir le célèbre mont Elbrouz. Peine perdue, la plaine semble s'étirer à l'infini.
Le Caucase serait-il une invention des poètes et des voyageurs ?

Dernière étape en Russie :

Après le Kraï de Stavropol, on doit traverser la république Kabardino-Balkare. C'est un territoire instable dans lequel il vaut mieux ne pas trop s'attarder. La situation n'est certes pas aussi sérieuse qu'en Ingouchie, Tchétchenie ou Dagestan voisins mais les Balkares ont aussi des revendications indépendantistes qu'ils tentent de faire valoir par les armes de temps à autre.
Nous évitons donc Naltchik et traçons directement vers Vladikavkaz, capitale de l'Ossétie du Nord. Sur une assez longue distance, c'est aussi la route de l'Azerbaïdjan via la Tchétchénie et le Dagestan, et les panneaux indiquent des destinations plus ou moins attirantes. Passe encore pour Bakou, mais Grozny... Hum ! Ne ratons pas la bifurcation.
C'est fait. Nous filons maintenant plein sud et le relief du Caucase n'apparaît toujours pas. L'Elbrouz est à moins de 50 kms sur notre droite et nous ne le voyons pas. Il est vrai que le plafond des nuages est très bas, mais la route semble plate. Montons-nous un peu, tout de même ?
Vladikavkaz est la dernière ville russe que nous verrons. Dernières courses, dernier plein de gazole à 60 centimes (regrets...), et en route vers le poste frontière. Enfin, voici la montagne. La vallée se resserre de plus en plus et nous entrons dans une gorge dont nous ne sortirons que de l'autre côté, en Géorgie. Verkhnyi Lars est désormais le seul point de passage puisque les routes passant par l'Ossétie du Sud et l'Abkhasie sont fermées. Avant le départ, nous nous étions renseignés du mieux possible sur l'ouverture de ce check-point mais nous avions obtenu des informations contradictoires, y compris de l'ambassade de Russie. Les sujets d'inquiétude ne manquent pas : état actuel des relations Russie-Georgie, impact possible des tensions actuelles avec l'Europe, poste ouvert aux étrangers ou pas ... Dans les derniers kilomètres, notre gorge à nous est aussi un peu serrée. Mieux vaux ne pas être refoulés car notre visa arrive à expiration et nous n'avons pas de solution de repli par l'Ukraine !
En réalité, tout s'est bien déroulé, même si les formalités ont duré plus de trois heures du côté russe.
Côté géorgien, tout va très vite, car personne n'a besoin de visa, pas même les citoyens russes, nombreux à se présenter. On ne descend pas de voiture. Passeports, papiers du véhicule, photo, enregistrement, grand sourire et roulez jeunesse.
Nous sommes en Géorgie.
A la sortie de la gorge du Darial, un panneau indique l'altitude. Surprise ! Depuis Pyatigorsk, nous n'avons pas vraiment eu l'impression de monter, et pourtant nous sommes à... 1800 mètres !